agenceduvoyageacheval.com propose plus de 400 voyages à cheval en France et dans le monde entier. Randonnées équestres, séjours équestres, voyage à cheval, pour cavaliers et non cavaliers, débutants et confirmés. Nous connaissons particulièrement le tourisme équestre aux USA, ou la Mongolie, que ce soit en mode routard ou en cheval aventure. Le voyage à cheval, la rando cheval, n'ont plus de secrets pour nous.
Spécialistes depuis prés de 50 ans (débuts en 1974) de l'équitation western, du monde western, des séjours en ranch, du convoyage et transhumance de bétail et du convoyage de chevaux.

 

 

A la rencontre des derniers nomades

 

 

L’avion amorce à peine sa descente et déjà on est frappé par l'immensité des lieux. Sous nos ailes, la Mongolie s’étire doucement dans la lueur blanchâtre des premiers rayons du jour. La vue se perd au loin et le mot espace prend un nouveau sens. La descente semble ne plus finir dans cet horizon sans frontière où la piste se laisse timidement deviner au cœur de nulle part. On tourne le dos à Ulaan-Baator et rien de ce qu’on voit ne ressemble à quelque chose de connu. Juste le vert ras jusqu’au bout du monde et le vent qui galope sur les montagnes chauves.

Notre première journée est consacrée à la visite d'Ulaan-Baator. Nous grimpons à Zaisan Tolgoi, colline d'où nous avons une vue panoramique de la ville et de l'immensité de la plaine au-delà. L'horizon semble infini. Une visite au marché et à différents temples occupera notre journée d’acclimatation. Nous dormirons dans un camp de yourtes à la sortie de la ville. Il est géré par une coopérative de femmes qui mettent tout leur cœur à nous accueillir dans la plus pure tradition de l'hospitalité mongole. Un camp, vaste, d’une propreté exemplaire, avec 7 yourtes, toutes de couleurs différentes. On y trouve également un bloc sanitaire et une grande yourte qui sert de réfectoire et pièce commune.

Le lendemain nous reprenons le chemin de l'aéroport pour notre vol intérieur vers Moron. Depuis les hublots l'espace semble grandir à vue d'œil. A peine posés, nous quittons la civilisation pour les steppes afin de rejoindre la région du lac Khubsugul où se va se dérouler notre randonnée. Ecoutant les recommandations de notre accompagnateur, nous rangeons nos montres au fond des sacs. L’heure, codifiée par des aiguilles, ici n’existe désormais plus.

Zurruck et Bbyamba, éleveurs, seront nos guides pour cette découverte de la Mongolie. Ils nous accueillent chaleureusement et nous présentent la famille, les voisins… On se sent tout de suite accueilli en hôte privilégié et l'on a hâte d'en savoir plus sur la vie des nomades de cette province. Outre les formules verbales de politesse qui nous sont traduites et après nous être assis sur de tout petits tabourets de bois, nous avons droit au bol de lait parfumé au thé, salé… et brûlant. Dehors nos chevaux nous attendent, attachés à une corde tendue entre deux poteaux, à presque 2 mètres de hauteur. Ce sont des chevaux de petite taille, de différentes couleurs de robe et très calmes. A notre avis, ils mériteraient avant d’être sellés, un bon coup d’étrille ou de brosse qui ne leur ferait pas de mal ; leurs sabots pourraient également être parés et ils ne sont pas ferrés.

Après une nuit sous tente, nous chargeons les animaux de bât et partons en direction du lac Khubsugul par de magnifiques vallées couvertes de mélèzes et de pins. Nos guides locaux organisent souvent des randonnées, ils savent donc parfaitement s'adapter à la capacité des cavaliers et leur niveau équestre, ce qui n'est pas une mince affaire. Les premières heures dans ces selles locales nous donnent un peu l'impression de ne plus savoir monter à cheval. La sellerie et les montures s'avèreront en fait tout à fait confortables, mais nous imposent au départ de trouver de nouveaux « calages » et de chercher notre meilleure position. Après avoir grogné du petit programme de la journée, 5 heures de chevauchée, nous serons bien contents de mettre pied à terre à notre premier bivouac.

Le lac Khovsgol est étourdissant de beauté, et son eau si pure qu'on nous assure qu'on peut en boire son eau ; en bons citadins nous ne nous y risquerons évidemment pas... mais c’est pourtant celle-ci qui bien sûr nous servira à tous, les Mongols n’ayant pas l’intention d’en chercher ailleurs ! Surnommé la « perle bleue » de Mongolie, le lac s'étend sur 136 km de long et 36 km de large et représente 2% des réserves d'eau douce mondiale. Ses eaux sont froides, gelées 4 mois par an (de janvier à avril). Entourée d'une douzaine de sommets de plus de 2 500 mètres d'altitude, cette région renferme de nombreux trésors : ours, cerfs, loups, aigles, vautours, une faune très riche, mais paradoxalement peu visible et abondante... Le Khovsgol bénéficie du plus important programme de protection de la nature du pays.

Un pays de traditions. Dans la culture mongole, les échanges sont très codifiés. Ainsi avant d’entamer une conversation sous la yourte, il est d’usage d’accepter l’offrande rituelle du bol d’Aïrag. Pour la recevoir, il convient d’abaisser la manche de sa chemise, de placer la main gauche sous le coude du bras droit, et de tendre la main droite pour recevoir la coupe. Si l’on n’aime pas le lait de jument fermenté (ce qui peut demander un certain effort à nos palais français), on n’est pas obligé d’en boire : il suffit alors de tremper le majeur de la main droite dans le liquide, et d’asperger successivement au-dessus de sa tête (à gauche, au milieu et à droite, pour bénir la terre, le ciel et le territoire), puis de porter la coupe à ses lèvres, sans boire une seule goutte, après avoir mouillé son front avec son majeur mouillé du breuvage…

Longeant le lac nous partons en direction de Khadan Kyasa. La vallée bleue azurée se perd au milieu des forêts de pins et mélèzes. Nous croisons de nombreux éleveurs et malgré la présence du traducteur, nous rêverions de pouvoir parler librement à ce peuple étrange. Nous avons enfin pris nos marques avec nos montures et nos selles. La longue journée semble bien courte…

Des chevaux mongols pour compagnons de voyage.
Nos chevaux mongols sont solides, trottinent mieux qu’ils ne marchent, d’un petit trot très confortable et nous faisons aussi quelques beaux galops au milieu de nulle part, ivres de liberté. A la fin de la journée, nous avons fait du chemin, vu de nombreux troupeaux de vaches, yacks, chèvres ou brebis, et bien entendu des chevaux dont l’élevage est essentiellement tourné vers la boucherie.
Petits (de 1m20 à 1m50 au garrot pour les plus grands), d’une endurance à faire blêmir nos pur sang arabes et d’une agilité incroyable, ces chevaux mongols sont un régal sous la selle. Calmes mais vifs, leurs pointes de vitesse sont d’autant plus impressionnantes que le terrain accidenté de la steppe ne pardonne pas l’erreur. Stupéfiant de les voir slalomer entre les terriers de « suslik » (rongeurs de la famille des marmottes, de la taille d’un écureuil) et les roches volcaniques qui affleurent. Incroyable de les rentrer à peine fatigués après plus de 50 km quotidiens à des rythmes qui n’ont parfois rien à envier à nos raids équestres ou courses d’endurance. Etonnant de voir les chevaux de rechange nous suivre ou nous précéder fièrement, sans attache selon les cas. Infatigables est le seul terme qui puisse les définir correctement.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : leur docilité sous la selle n’est en rien comparable à celle de nos chevaux d’école. Beaucoup plus fiables à bien des égards, leurs réactions n’en restent pas moins celles de chevaux conservés à demi sauvages… pour se défendre des fréquentes attaques de loups. Ces chevaux ont du caractère, ils peuvent botter facilement si vous ne gardez pas vos distances. De même, ils n’aiment les séances d’habillage ou de déshabillage et vous le font vite savoir lorsque vous prenez votre vêtement de pluie.

En fin de journée, nous retrouvons une famille mongole qui nous accueille dans sa yourte avec son lot de cérémonies traditionnelles.
Une fois les chevaux dessellés, ils sont généralement entravés par deux car il n’y a pas d’arbres, ni de possibilité d’attache dans la steppe et on les lâche, ou bien juste en longe à un piquet. Début septembre, l’herbe est rase : ils ont assez peu de nourriture pour se refaire une santé pour le lendemain. Parfois, il n’y a même pas d’eau. Ce sont vraiment des animaux très rustiques car ils nous ont toujours portés, sans fatigue apparente ni boiterie, quels que soient le temps et la température, très changeants en cette saison.

Après avoir côtoyé pendant quelques jours les cavaliers mongols, nous nous sommes vite aperçus des différences avec nos pratiques d’européens. Nous avons le sentiment, alors que ce peuple a envahi, grâce à sa cavalerie, une grande partie du vieux continent, qu'il possède une maîtrise somme toute assez basique de l’équitation. Outre les soins, pour le moins succincts donnés à leurs chevaux, leur monte sur la selle mongole avec des étriers très courts leur donne une allure très différente de la nôtre (ils ne servent pas trop des jambes et le fouet, chez certains, est une aide permanente pour changer d’allure) et ils ont tendance à beaucoup tirer sur la bouche du cheval. Je n’ai pas eu l’impression qu’ils pouvaient obtenir le maximum des capacités de l’animal. Mais ce n’est pas leur objectif car ils changent souvent de monture et le travail qu’ils ont à faire se fait, ce qui finalement est tout ce qu’ils demandent à leurs chevaux. Ceci ne veut cependant pas dire qu’ils sont inattentifs ou incompétents, au contraire, ils ont l’œil partout et savent toujours très bien où ils en sont, ils maîtrisent parfaitement la situation en permanence. Observer les us et coutumes des peuples sans les juger, c'est tout l'intérêt de ce type de voyage à la découverte d'autres peuplades équestres.

Nous enfonçant toujours davantage dans la profondeur de la taïga sibérienne nous traversons le village de Renchinhumbe. Ici nous dit-on pousse le plus grand arbre du pays. Grand ? Bien sûr à l'échelle d'un pays où la steppe rase domine ! Nous retrouvons avec plaisir un peu de civilisation dans une yourte touristique équipée d'eau. Les lingettes sont bien pratiques et personne ne se plaint, mais retrouver un peu de confort est toujours appréciable. Mais qui va se plaindre ? Les paysages sont tellement grandioses qu'un peu de rusticité ne va certainement pas gâcher notre plaisir.

Et nous rencontrons enfin les éleveurs de rennes ! Les Tsataans sont une peuplade de 250 personnes environ, et il est particulièrement étonnant de voir les ressemblances entre certaines tribus Amérindiennes du nord et les Tsataans. Ils sont très certainement le dernier vestige des peuples asiatiques qui ont migré par la Sibérie et l’Alaska aux Amériques. Nombre de gestes, de coutumes et de rites sont encore très proches après des milliers d’années. Ils sont loin de tout dans un immense territoire, une fois le contact établi, il faut encore qu’ils vous invitent à les rejoindre. Nous avons eu la chance de les rencontrer, ce qui n’est pas toujours possible. Il est important d’avoir une attitude très respectueuse à leur égard, cette rencontre est un grand moment humain de rencontre, en aucun cas une visite touristique à un cirque…
Actuellement, ils sont toujours éleveurs de rennes. Après le terrible hiver 2002, pendant lequel les troupeaux ont été décimés, le gouvernement a mis en place des subventions pour aider à garder leurs rennes et repeupler les troupeaux.
La rencontre avec ces hommes et ces femmes sera un des moments les plus forts de ce voyage. Le sentiment de vivre avec un véritable mythe sur le point de disparaître englouti dans l'immense "globalisation" de notre planète.

Un pays où les dimensions ont une autre taille. La Mongolie est grande comme quatre fois la France pour dix fois moins d’habitants. Si on enlève le 1,5 million de personnes habitant Ulaan Baator sur les 5 millions de Mongols vivant sur leur territoire vous pouvez facilement imaginer la densité au kilomètre carré ! La Mongolie a mis en place des lois très intéressantes pour la protection du territoire. Ainsi vous ne pouvez pas acheter du terrain, vous ne pourrez que le louer avec un bail emphytéotique. Si l’autorisation d’y construire une maison vous est accordée, vous ne pourrez pas clôturer le terrain, pour laisser circuler librement bétail et personnes. De ce fait, certains endroits qui pourraient devenir des cibles privilégiées de promoteurs cupides sont préservés pour encore un bon moment, même si la « civilisation » arrive tout de même à grands pas.

La « ger » (yourte) mongole
L'élément le plus important de la vie nomade mongole reste encore la yourte traditionnelle. Bien que depuis la seconde partie du 20ème siècle, la Mongolie se soit fortement urbanisée, plus de la moitié des Mongols continue à vivre dans leur habitat traditionnel, aussi bien les nomades à la campagne que les habitants permanents des villes et villages. En Mongolie, plusieurs millions de personnes vivent encore sous une yourte.
Il s’agit d’une habitation familiale composée une pièce unique autour d'un poêle. Plusieurs lits servent de sièges dans la journée, autour d’une table basse où est posée la nourriture. La seule ouverture est la porte d'entrée, à l'opposé de laquelle se trouve traditionnellement le lit du chef de famille. La yourte a l’avantage d’être facilement démontable et remontable en quelques heures.
La yourte est toujours montée et décorée selon le strict respect des coutumes. La porte de la yourte doit toujours faire face au sud (ou légèrement au sud-est), en direction du soleil. Elle est un espace fortement ritualisé et de nombreuses coutumes y sont respectées. Les règles de convenance y sont très nombreuses, notamment concernant les gestes et les positions corporelles, ou le sens de circulation autour de la table ou du poêle central.
La yourte est un lieu d’accueil et l’étranger est toujours le bienvenu. Sachez apprécier cette invitation en vous pliant aux règles d’usage afin d’aller à la rencontre de ce peuple fascinant.

A noter donc que les Tsataans vivent eux sous des tipis très pauvrement décorés qui font étrangement penser aux tipis des indiens du nord de l'Amérique…